Tirage à l'agrandisseur : Les étapes par Charles Piétri

Charles

Fait de la photo

Charles Piétri est un photographe lyonnais, plutôt argentique que numérique ; plutôt rock que variété ; plutôt bière que coca.

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Tirage à l’agrandisseur : les étapes

Vous avez toujours voulu savoir comment on réalise un tirage argentique sans jamais oser le demander ? Voici un article qui devrait vous plaire. Ici, pas d’imprimante ou de cartouche d’encre, juste du papier, de la lumière et de la chimie. Entrez dans le labo !

1 – Préparation du négatif

La première étape consiste à choisir son négatif. Je vais le nettoyer et le dépoussiérer avant de le glisser dans le passe-vue de l’agrandisseur (dépoussiéré lui aussi).

Une fois le négatif installé, je remets le passe-vue dans l’agrandisseur. En baissant ou en levant la tête de l’agrandisseur, je change la taille de l’agrandissement. A l’aide d’un margeur, je définis les bords de l’image sur le papier. Ensuite, je contrôle sa netteté à l’aide d’un scoponet. Cet outil, muni d’un miroir et d’une loupe, permet de vérifier la mise au point de façon extrêmement précise !

2 – Réglage du contraste

Les grades de contraste constituent un élément important du tirage photographique. Ces grades vont permettre de définir le rendu des zones sombres et claires du négatifs ainsi que la richesse des nuances. Un négatif tiré avec un grade 0 ou 1 donnera un tirage peu contrasté avec des ombres peu prononcées et des zones claires tendant vers le gris. Le même négatif tiré avec un grade à fort contraste (4 ou 5) résultera sur un tirage aux ombres plus marquées et aux zones claires très blanches avec des transitions très tranchées.

L’utilisation de tel ou tel grade dépend de ce que vous voulez faire ressortir sur votre tirage. Ici, je commence par un grade 3 qui est souvent mon point de départ.

3 – Bande test

Pour trouver le temps nécessaire à la formation de l’image sur le papier, j’expose des parties de l’image à des temps différents. Généralement, je prends des paliers réguliers de 5 ou 10 secondes. Pour ce négatif, j’ai fait une première bande avec un intervalle de 10 secondes.

A l’aide d’un cache, j’expose une première partie de l’image pendant 10 secondes. Ensuite, je décale le cache toutes les 10 secondes jusqu’au bout de la bande de papier. Dans le cas présent, j’aurai 4 expositions différentes : 10, 20, 30 et 40 secondes.

© Charlène Balloffet

© Charlène Balloffet

4 – Développement du papier

Après exposition, la bande est trempée dans un bac de révélateur (ici j’utilise du Multigrade d’Ilford). Au bout de quelques secondes, l’image apparaît sur le papier.

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Après 90 secondes environ, je passe ma bande test dans un bain d’arrêt (de l’eau avec un peu de vinaigre blanc) pour stopper l’action du révélateur éliminer une partie de la chimie présente dans le papier. Généralement, 20 à 30 secondes suffisent.

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Je dépose le papier dans le bain de fixage qui, comme son nom l’indique, fixe l’image sur le papier et le rend maintenant insensible à la lumière. A partir de là, on peut rallumer la lumière pour découvrir notre bande test.

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Une fois le fixage effectué (autour d’une minute), on passe le papier dans le bac de rinçage.

5 – Tirages de test

Après étude de la bande, je lance un tirage de 40 secondes avec les mêmes réglages que pour la bande test. Cela va me permettre de voir comment l’ensemble de l’image réagit.

Ce premier tirage n’offre pas assez de contraste. En effet, je souhaite que l’écume soit bien blanche mais que l’eau reste sombre. En avant pour la réalisation d’un deuxième test avec un grade de 3,5.

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Je préfère le rendu de ce deuxième tirage. L’image est plus équilibrée et les éléments se détachent un peu plus (l’écume, la silhouette sur la plage, les bâtiments à l’horizon). Un troisième tirage va me permettre de régler certains détails.

6 – Tirage final

Après avoir trouvé le bon temps et le bon grade, il me reste maintenant à traiter certaines zones. En augmentant le contraste, mes nuages ont perdu un peu de détail, le sable mouillé est un peu trop sombre. A l’aide de badines et de caches, je vais donc bloquer ou isoler la lumière de l’agrandisseur sur certaines zones.

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Voilà donc le tirage final prêt à être rincé. Le papier RC (Resin Coated, soit enduit de résine), utilisé ici, se lave en quelques minutes. Le papier baryté, préféré pour les expositions est l’archivage, requiert plus d’une heure de lavage à cause de sa plus grande absorption de chimie.

Il ne reste plus qu’à faire sécher le tirage. Le papier RC sèche rapidement et reste plat. Pour le papier baryté, l’étape est plus complexe puisque la feuille a tendance à se recourber en séchant. Nous verrons cela en détails lors d’un prochain article consacré à aux différences entre ces deux types de papier.

Merci à Charlène Balloffet pour les photos d’illustration.

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